“ ... La chapelle du château de la Frette était dans les parties basses de la construction, et ne recevait le jour que par les fossés. On y descendait par un escalier tordu en colimaçon, au pied duquel s’ouvrait une chaire en bois de chêne. Les armoires, faites du même bois, travaillé dans le goût du temps, renfermaient des reliques apportées des croisades par les chevaliers de la maison de Beaumont, qui étaient allés en Terre-Sainte. A chaque angle des murs de la chapelle était fixée une bannière aux armes de la famille, brodée par les femmes, et qu’on promenait dans diverses circonstances particulières. L’une était sortie pour implorer la pluie après de longs mois de sécheresse, l’autre pour faire cesser l’épidémie quand elle désolait le canton ; mais elles étaient toutes déployées les jours solennels de Noël, de Pâques et de la Fête-Dieu. Suivies de tous les vassaux, elles se montraient au fond des vallées, au sommet, de la montagne et le long du fleuve, au milieu des chants, des encensoirs et des pluies de fleurs. De lumineux vitraux, qui venaient ordinairement de la Suisse, où l’on excellait à les peindre, épanouissaient leurs vives couleurs sur ces objets d’un culte sévère et simple, et remplissaient la chapelle de lueurs douces qui augmentaient dans l’âme le sentiment de la piété. L’épée du maître du château, tant qu’il n’était pas à la guerre, reposait au pied de l’autel, afin qu’elle participât à l’efficacité des prières dites chaque jour dans ce saint lieu, et qu’elle acquît une force invincible par ce contact béni...”